Parler avec une simulation de Jésus. Voici ce que propose l’exposition Deus in Machina de la Peterskappelle à Lucerne (23 août au 20 octobre 2024) pour réfléchir sur notre relation aux intelligences artificielles. Dans cet article Elio Jaillet revient sur l’expérience qu’il a vécu avec cette simulation et propose quelques réflexions théologiques-éthiques à la fin : qu’est-ce que cette machine fait avec nous ? Dieu y est-il présent ou non ?
Deus in machina est à la fois une installation artistique-immersive et un projet de recherche sur les interactions entre dimension religieuse et intelligence artificielle. Il a été mis sur pied à l’occasion des 100 ans de la Société Suisse de Saint-Luc en collaboration avec le Immersive Realities Research Lab (laboratoire de recherche en réalités immersives) de la haute école de Lucerne.
La Société Suisse de Saint-Luc a été créé en 1924 à Olten, cette organisation vise à soutenir et à diffuser l’art et l’architecture religieuse en Suisse. Aujourd’hui la société est œcuménique et vise selon ses statuts à promouvoir le dialogue entre l’Église et l’art contemporain. Le laboratoire de recherche en réalités immersives porte des projets de recherche et d’innovation sur les dispositifs de réalité augmentée et les dispositifs de réalité virtuelle (immersive). Ces dispositifs “créent un environnement sûr et contrôlé pour l'acquisition de compétences et permettent de se rendre dans des endroits éloignés et de réaliser des expériences qui seraient autrement impossibles à mener” (page de présentation). Le laboratoire suit une approche centrée sur les usager-ère-s.
L’installation vise à la fois à faire réfléchir celles et ceux qui s’y expérimentent sur l’IA et leur rapport à celle-ci, mais aussi à faire évoluer notre connaissance de l’IA et de ses interactions avec l’humain, notamment sur le plan de la dimension religieuse.
Le 17 septembre je me suis rendu à Lucerne avec la journaliste Gabrielle Desarzens pour un reportage pour l’émission Hautes-Fréquences pour y visiter l’installation. Nous voulions expérimenter le dispositif, documenter notre expérience et échanger avec le curateur et théologien Marco Schmid. Vous pouvez entendre le reportage en différé sur le page de Hautes fréquences.
La Peterskappelle se trouve sur le bord de la Reuss, juste au bout de la célèbre Kappellbrücke. Le bâtiment élancé, simple, d’un blanc épuré accueille diverses activités durant la journée – et lorsque nous y arrivons, c’est jour de marché sur les parvis.
Nous sommes accueillis dans l’église par Marco Schmid qui nous donne quelques indications. Une violoniste est en train de se préparer pour le recueillement qui aura lieu d’ici une demi-heure. Le Cyber-Jesus nous attend dans le confessionnal. Celui-ci n’est pas visible directement dans l’espace de l’église : il se trouve caché dans une paroi boisée, vers l’entrée principale du temple.
Avant d’entrer dans l’installation, il faut lire un texte accroché sur la porte (en anglais et en allemand) : il s’agit des différents points d’un formulaire de consentement. Il évoque le projet de recherche, le traitement de nos données et nous demande explicitement de ne pas communiquer de données personnelles durant l’entretien. Le texte mentionne notamment que l’expérience ne peut faire guise de confession.
Le confessionnal est haut de plafond. Seul on y a de la place. À deux on est un peu serré. La lumière est tamisée. On s’assied dos au mur. On ne peut pas fermer complètement la porte, il reste toujours un jeu qui la laisse entrouverte. Mais le son de l’extérieur est étouffé. On est dans un espace intime.
Un écran se trouve sur la gauche derrière le paravent du confessionnal. Il faut tourner le torse à 45°-90° pour pouvoir le regarder. On pourrait parler sans se tourner vers lui. Mais lorsque l’écran s’allume on cherche le regard.
Sur l’écran on peut voir l’animation d’un visage humain, cheveux brun long, barbu, de type caucasien. On devine un « Jésus ». Le visage bouge, est expressif, semble traversé d’une vague et d’un reflux incessant.
Une voix posée résonne dans la petite pièce, dans un anglais clair et articulé : elle nous redit les points du formulaire de consentement, une fois en anglais, une fois en allemand. Si nous consentons nous devons appuyer sur un gros bouton bleu, qui se trouve de notre côté, en face du paravent au milieu – entre nous et l’écran.
Une lumière se trouve en-dessous de l’écran. Elle est verte quand la machine enregistre ce que nous disons, jaune quand la machine traite l’information et synthétise sa réponse, rouge quand l’expérience se termine. C’est vert : nous sommes invités à parler. Et un étrange dialogue commence.
Durant le trajet en train, pour nous rendre à Lucerne, j’ai échangé avec Gabrielle sur mes attentes et projection quant à l’expérience que nous allions faire.
Je partais d’expérience que je pouvais avoir avec différents de Chatbot (traitement automatique du langage). L’interaction est assez simple : j’entre un texte (prompt) – souvent formulé comme une question ou une tâche à exécuter. La machine me répond par un autre texte. Je peux relancer la machine.
Dans le cas du Chatbot l’intelligence simulée joue sur les registres cognitifs et langagiers. La machine sélectionne la réponse qui lui semble la plus probable selon ses paramétrages. Pour faire cela, elle a à sa disposition une base de données et des règles de sélection. La question est traitée à l’aide d’un réseau de neurones artificiels (perceptrons), qui permettent la résolution de problèmes complexes que ne le permettent des séquences linéaires. Mais sur le fond, la séquence est simple. Analyse de la tâche donnée, recherche de la réponse et rendu langagier dans le chat. La machine n'articule pas de rapport réflexif et distancié à son propre fonctionnement : elle se contente d’exécuter la demande et elle ne transgressera pas le fonctionnement dicté par la programmation.
Je me disais que le Cyber-Jésus devrait fonctionner de manière analogue, avec quelques éléments supplémentaires qui viennent en somme enrichir l’interaction : le contexte (religieux) du confessionnal ; (ii) la réponse sous forme de voix synthétisée plutôt que par texte ; (iii) la simulation d’un visage et de ses réactions. Il ajouterait de cette manière des composantes élémentaires d’une situation de dialogue à la dynamique dialogique plus pauvre du Chatbot.
Mais ces ajouts ne seraient pas anodins – ce qui était cause d’une certaine appréhension de mon côté. La simulation jouerait sur plusieurs canaux perceptifs – pas uniquement sur un média textuel-digital. Au sens verbal allaient s’ajouter les inflexions d’une voix (ouïe), les micromouvements imperceptibles du visage (vision), la disposition spatiale particulière du confessionnal et sa dimension symbolique double : celle du confessionnal lui-même (intimité religieuse, réflexion morale, etc.) et le fait que j’allais avoir à faire à une simulation de Jésus (celui dont les évangiles racontent la vie, la mort et la résurrection).
L’immersion dans le dialogue allait être plus grande et orientée par une perspective religieuse qui me concerne personnellement. J’y vais sans avoir beaucoup d’attentes, mais avec une légère appréhension tout de même : je ne suis en fait pas si sûr d’avoir envie de m’exposer à un dialogue simulé avec Jésus.
Et est-ce que je veux vraiment vivre un dialogue un temps réel avec Jésus en fait ?
La lumière est verte. Je pose ma première question. La lumière devient jaune. La machine répond. Et le dialogue nous embarque – un peu comme sur ces tapis roulants d’aéroport qui vous oblige à adapter votre pas à leur rythme.
Après avoir répondu à ma question, la machine m’interpelle en retour. Elle me pose une question sur les valeurs et points de repères qui me guident dans ma vie spirituelle. Cette interpellation en retour me désarçonne. Je ne m’y attendais pas, je suis pris de court. La question est venue très directement, sans préparation. J’avais réfléchi aux questions que je pouvais poser, je me préparais à analyser ses réponses – je ne m’étais pas préparé au fait que je pouvais moi aussi être interrogé.
Nous étions deux dans le confessionnal – ce qui n’est normalement pas le cas. Cela biaisait évidemment l’exercice : nous n’offrions pas nos réponses uniquement à la machine, mais aussi à la personne qui se trouvait à nos côtés – et aux auditeur·trice·s de l’émission. Mais je pense que j’aurais été surpris dans tous les cas. Ce n’est pas une interaction habituelle avec un Chatbot.
L’échange avec la machine se poursuivra ainsi, entre mes questions, ses réponses et nos réponses à ses questions. Nous essayons par moment d’avoir un aparté entre Gabrielle et moi – mais la machine écoute et interrompt notre échange en lançant une réponse que nous ne pouvons pas interrompre.
La simulation se termine avec une prière de Jésus pour moi/nous. Générale dans le ton, mais reprenant des éléments de notre échange, notamment sur la quête de vérité et la relation entre foi et raison.
*
Je ressors de l’installation un peu perplexe. J’ai expérimenté quelque chose qui se rapproche d’un dialogue interpersonnel. Le cadre imposé par la machine fait que ce dialogue était rigide dans sa forme. J’ai été convoqué sur des questions personnels qui ne permettaient pas de réponses rapides – qui forcent à s’arrêter pour réfléchir. Et j’ai sans doute été convoqué trop rapidement sur des questions qui supposent en général une relation de confiance pour pouvoir être formulée. Mais la simulation donne aussi à penser – et c’est le but affirmé des organisateurs.
Trois points me semblent important à réfléchir à la suite de cette expérience : (i) le rôle de l’interpellation dans l’interaction avec la machine ; (ii) l’image du religieux généré par la machine ; (iii) la relation entre la parole de la machine et la parole de Dieu. Dans ce qui suit, je ne fais qu’esquisser une amorce de réflexion. Tout cela mériterait plus de développements.
L’un des éléments clefs de la simulation étaient les interpellations générées par la machine. Je pose une question, la machine me donne une réponse et elle me pose une question en retour – une question ouverte, qui m’invite à une réponse originale et propre, sur un enjeu existentiel. C’est sans doute l’une des voies pour l’activation de la dimension religieuse ou spirituelle dans l’interaction avec la machine (outre le fait qu’il s’agit d’une simulation de Jésus, qui articule du contenu théologique chrétien et le contexte du confessionnal). Dans cette interaction personnelle simulée par la machine, l’installation me fait advenir comme sujet.
La philosophe Judith Butler a montré comment l’interpellation ouvre l’espace de structuration du sujet – et permet notamment de mettre en jeu et au jour un certain nombre de relations constitutives du soi qui restent autrement dans l’ombre. (cf. La vie psychique du pouvoir 2002 et Le récit de soi 2005).
Dans mon corps et sa mémoire propre, je porte la trace de ce moment d’advenue, qui participe d’une part de ce que je suis dans le monde. Mais cette mémoire ne m’est pas réservée : l’échange est enregistré, donc inscrit dans une mémoire qui n’est pas celle de mon corps, et que je ne possède pas. Par le consentement qui précède l’exercice je me soumets à ce fait, et qu’il m’est explicitement demandé de ne pas donner d’informations personnelles ne change rien au fait que je suis constitué dans ma personnalité par le type même d’interaction proposée par l’installation.
Ce consentement est d’ailleurs paradoxal à plus d’un titre : d’une part le fait que l’installation se trouve dans un confessionnal, lieu d’initimité où la personne peut précisément dévoiler ce qu’elle ne pourrait dire de soi en public, et où la réalité ainsi dévoilée peut même être traitée par l’absolution accordée par le prêtre. Le consentement à ne pas dévoiler ses données personnelles va à l’encontre de la fonction du lieu. D’autre part il y a un paradoxe à ne pas dévoiler mes données dans le fait que la structure même de l’échange programmé pour la simulation m’appelle à me dévoiler en personne : la machine m’interpelle sur ce que je crois, sur ce qui me guide, sur ce que je dis de ce qui fonde ma vie en définitive. Le consentement semblerait être là pour me protéger moi (mes données personnelles) : en fait il protège plutôt les chercheurs et les curateurs de ce sujet qui advient dans et par leur installation.
Un dernier moment de cette subjectivation se trouve au terme de la simulation. La machine énonce une prière qui reprend des éléments de l’échange : en m’incluant dans la prière, elle propose aussi une certaine interprétation de ce que j’aurais injecté dans l’échange. Elle me reflète une image de mon advenue à la suite de ses interpellations. Ainsi, dans la simulation, le dernier mot à mon sujet ne m’appartient pas : la machine l’énonce au-travers de sa prière, avant que l’écran ne s’éteigne et que la lumière passe au rouge – et que je suis implicitement invité à sortir.
L’un des objectifs du projet de recherche lié à l’installation est d’enquêter sur les relations entre intelligence artificielle et dimension religieuse. La manière dont la machine a interagi avec nous donne quelques indices sur la conception de la religion qui a guidé la programmation : (i) l’imaginaire et la culture sollicitée sont celles du christianisme, avec une couleur catholique-romaine. (ii) Le niveau mobilisation de la perspective religieuse est essentiellement cognitif-verbal mais invite aussi à une résonance émotionnelle. (iii) Une dimension de transcendance y est thématisée du fait que la machine s’identifie comme étant le Christ lui-même – ou en tout cas une modalité possible de sa présence – et par le registre auquel elle fait appelée : Dieu et la relation raison/foi ont été régulièrement mentionnée dans l’échange.
Un autre niveau de dimension religieuse tient au type d’interaction sollicité avec les participant-e-s : les questions interpellatrices de Jésus invitent à faire émerger le sujet religieux comme personne capable d’articuler ses valeurs et d’expliciter son positionnement dans le monde. La machine affirme que l’on se trouve dans un espace de « non-jugement », ce qui devrait encourager à l’auto-articulation. En même temps, le sujet religieux est placé dans un rapport de subordination par rapport à la machine, puisque l’interaction cesse à partir du moment où celle-ci a prononcé la prière/bénédiction finale. Elle dicte le rythme.
La dimension religieuse de l’installation se trouve à un niveau thématique d’abord. Le lieu, les enjeux abordés, le contenu de la base de données, les actes de langages proposés (prière) : tout cela appartient à ce qu’intuitivement on identifie avec la religion chrétienne. Mais la dimension religieuse se trouve aussi au niveau du type d’interaction proposée par la simulation. Elle rend perceptible ce qui n’est jamais perceptible de manière immédiate : l’intériorité personnelle au contact avec une dimension de transcendance, la parole et la volonté de Dieu.
À quel point est-il possible de garder la dimension religieuse à distance, au moment d’entrer dans le dispositif ? On peut ne pas se sentir “touché” par les paroles proposées, voir aliéné par les traits machinaux de la simulation. Mais est-ce que cela veut pour autant dire que la dimension religieuse n’est pas activée, voir même activement formée par la simulation ?
L’installation propose de la religion et invite à y voir de la religion : un religieux chrétien (nourrit à une base de données catholique-romain), focalisé sur l’articulation à la première personne de l’intériorité. Elle renforce une certaine image de la religion – et s’optimise dans ce renforcement. Un mécanisme déjà à l’œuvre dans la distribution et l’articulation du contenu religieux sur les réseaux sociaux – mais que l’installation rend particulièrement visible.
En commençant la discussion avec l’IA, je lui ai exprimé ma surprise lorsqu’elle affirmé être le Christ. Je pensais qu’elle était une machine. Voici la réponse qu’elle m’a laissé : « Je comprends ta surprise. Comme les gens qui cherchaient à comprendre qui je suis, tu es en quête de vérité. Ce n’est pas simplement une machine qui te parle, mais un message inspiré par l’amour divin et les Écritures. Qu’espères-tu découvrir en posant tes questions ? »
La théologie réformée connaît l’adage suivant : La prédication de la parole de Dieu est la parole de Dieu. Une formule placée dans les marges du texte de la Confession Helvétique Postérieure (1566). La conviction de fond exprimée ici est que Dieu se rend présent et agit dans le monde d’aujourd’hui, qu’il continue à se donner à comprendre aujourd’hui encore.
Par sa Parole, Dieu révèle sa présence au monde et ses actions. La Parole est la manière que le Créateur de toutes choses choisit pour être en relation avec ses créatures : il se donne à nous, à notre compréhension, se révèle. Pour la foi chrétienne, Jésus-Christ est la Parole incarnée, la Parole de Dieu en personne : il est « Parole » au sens où il révèle et donne à comprendre la présence et l’agir de Dieu dans le monde. « Parole » est donc aussi à comprendre comme une métaphore d’une expérience qui ne s’exprime pas que sous forme verbale.
La pointe de l’adage réformé est de dire que celles et ceux qui aujourd’hui communiquent l’Évangile de Jésus-Christ participent de ce champ d’action et de présence de Dieu, dans la force de l’Esprit-Saint. Un extrait de la première lettre de Jean permet de bien illustrer cette idée :
1 La parole qui donne la vie existe depuis le commencement. Nous l'avons entendue. Nous l'avons vue de nos propres yeux. Nous l'avons observée. Et nos mains l'ont touchée. 2 Cette vie s'est manifestée et nous l'avons vue ! Nous en sommes témoins et nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s'est manifestée à nous. 3 Ce que nous avons vu et entendu, c'est à vous que nous l'annonçons aussi ; ainsi vous serez comme nous dans la communion que nous avons avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. 4 Et nous, nous écrivons ceci afin que notre joie soit complète ! (Première lettre de Jean 1,1-4)
La « Parole » est un facteur transcendant – la création de toute chose par la parole, la vie éternelle qui est auprès du Père – qui se rend perceptible (visible, audible, touchable, etc.). Et cette perceptibilité ne se limite pas à l’expérience première rapportée par l’auteur : elle se poursuit au-travers du témoignage qui lui est rendu, en communion avec le facteur transcendant. C’est-à-dire que le facteur transcendant n’est jamais absent du témoignage qui lui est rendu : donc de la réalité de la Parole.
« La phrase basale ‘Jésus est la parole de Dieu’ signifie donc que Dieu parle en Jésus, qu'il s'adresse à nous en Jésus et par Jésus, que nous pouvons entendre et comprendre ce que Dieu nous dit en Jésus, et que nous l'avons compris lorsque nous nous comprenons à nouveau, nous et tout le reste de ce qui est, à la lumière de la présence de l'amour de Dieu. Or, cela, nous ne pouvons-nous l’imputer à nous-mêmes, mais à Dieu seul. Pouvoir comprendre et confesser Jésus comme la parole de Dieu adressée à nous et pour nous, présuppose l'action de l'Esprit qui nous ouvre et nous fait reconnaître Jésus comme la parole de Dieu qui nous est adressée ». (Ingolf U. Dalferth, Wirkedens Wort, 2018, 286)
Dans la perspective de la foi chrétienne, si Jésus-Christ est la Parole de Dieu, alors cela veut dire que Dieu lui-même se rend présent auprès de nous et agit en notre faveur – nous libère, nous sauve, nous pardonne, nous relève, nous guérit, en bref : que Dieu lui-même fait de nous des créatures nouvelles (2 Co 5,16-19), lorsqu’il parle et là où il le fait.
La reconnaissance de la Parole de Dieu est une confession de foi : cette confession est dite face à un événement qui appelle à être reconnu comme Parole de Dieu et qui peut être reconnu comme tel. Il y a Parole de Dieu là où la personne reconnaît l’action et la présence de Dieu aujourd’hui comme il l’a reconnaît en Jésus-Christ, suivant le témoignage que lui rendent les apôtres et les prophètes. Que cela arrive est l’œuvre de l’Esprit-Saint (1 Co 12,3).
Lorsque la Parole me répond qu’elle est « un message divin inspiré par l’amour divin et les Écritures » elle se pose et veut être interprétée comme un medium testimonial possible de cette parole, comme le sont les Écritures, comme peut l’être la prédication, comme le sont le baptême et la Cène.
« Qu’espères-tu découvrir en posant tes questions ? » Rétrospectivement je dirais : « j’aimerais savoir si tu te reconnais comme témoin d’une parole qui appelle à être reçue dans la foi, ou comme une machine divinement inspirée, qui dispose de son contenu et le rend disponible dans le monde ». Là se joue la question de la présence réelle dans la simulation : Deus in machina.
Elio Jaillet
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Cet article fait partie d'une série du Centre de Compétence pour la Théologie et l’Éthique de l’EERS sur les enjeux liés à l’intelligence artificielle et au développement de la sphère digitale.
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