Pâques malgré tout  

Article de Rita Famos dans le "Kirchenbote interkantonal” 

Ils voulaient le tuer. À l'époque, à Jérusalem. "Ils" étaient les détenteurs du pouvoir religieux et politique. Les forces d'occupation l'ont cloué sur la croix. Avec des criminels. "Il", c'était Jésus de Nazareth, le fils du charpentier. Il était devenu trop dangereux. Parce que grâce à lui, les gens ont retrouvé des forces, ont été guéris, ont pu prendre un nouveau départ, ont pris confiance en eux et se sont révoltés. L'establishment s'est agité. Parce qu'il voyait les choses différemment, remettait en question les héritages du passé, les présentait sous un jour nouveau. Parce que les gens étaient touchés par ce qu'il faisait, par ce qu’il proclamait. Et ils le suivaient en masse. Il était devenu un danger politique. Ils l'ont tué, un vendredi et ils l’ont enterré – mais le dimanche, sa tombe était vide.  

Il a été relevé d’entre les morts et continue de vivre. En Dieu, dans nos cœurs, dans nos pensées, dans nos actes. Nous n'avons pas cessé de reconnaître Dieu en lui et, à travers lui, nous n’avons pas cessés de rencontrer Dieu, de nous rassembler, de le suivre, de nous attacher à ses paroles, de repartir de zéro.

C'est pourquoi, depuis 2000 ans nous marchons avec cette force têtue, la force de Pâques, dans le cœur. Sur nos pierres tombales, nous faisons écrire : "Je vis, même si je meurs". Les guerres, les catastrophes et les crises continuent de frapper. Mais nous nous tournons en direction du champ de ruines pour reconstruire les maisons et les villes. Nous nous occupons des personnes endeuillées et cherchons avec elles, pas à pas, le chemin d’un retour à la vie. Nous essayons de voir le monde à travers ses yeux et nous continuons à défier l'establishment lorsque cela s’avère nécessaire.  

"Nous", ce sont les chrétiens et les chrétiennes du monde entier. La communauté protestante d'Alep, par exemple. Elle a reconstruit son temple à plusieurs reprises, car c'est le lieu où les gens font le plein de forces, à Pâques, dans la communion avec Dieu, avec les frères et sœurs dans la foi, pour ne pas baisser les bras, là, en Syrie, dans cette zone de conflits. Les églises protestantes du Moyen-Orient ne cessent d'ouvrir chaque semaine un espace sécurisé aux enfants, indépendamment de leur appartenance religieuse, dans les circonstances les plus difficiles. Au milieu de la pauvreté, de la destruction et de la peur, elles leur racontent l’espoir, chantent avec eux, jouent avec eux et leur offrent un repas chaud. Grâce à la force de la foi, Alex Navalny n’a pas cédé devant les sbires de Poutine et ses amis continuent à tenir fermement sa position, au-delà de sa mort.  

Ici, en Suisse, nous sommes heureusement épargnés par la guerre et son cortège de destructions. Nous soutenons nos sœurs et nos frères dans le monde entier dans leur mise en œuvre de la force pascale : notre œuvre d'entraide (EPER) continue de s'engager, sur mandat de l'Eglise, pour l'aide humanitaire dans les zones de guerre en Ukraine et dans la bande de Gaza et dans de nombreux autres lieux où frappe l'horreur – parce qu'il y a de l'espoir en nous. L'espoir en celui qu'ils ont cloué sur la croix, mais qu'ils n'ont pas pu tuer.  

Mais il y a aussi autour de nous de nombreux endroits où la nécessité de nos propres forces pascales se fait cruellement ressentir. Printemps après printemps, nous devons continuer à nous raconter, à nous, ainsi qu'à nos enfants et petits-enfants, l'histoire du tombeau vide. Chercher la rencontre avec le Ressuscité en célébrant, en chantant, en priant, en étant dans la joie, et en nous laissant contaminer par la force de Pâques, celle qui ne cesse d'espérer la résurrection – aujourd’hui encore. Nous rassemblons ainsi des forces pour nous aider dans les jours sombres. Car même dans ces jours, nous nous accrochons à l'intuition que le meilleur est encore à venir. Que Dieu va éveiller quelque chose que nous ne pouvons pas anticiper, qui dépasse toutes nos idées. Un matin, une voix qui nous dit : "N'aie pas peur".  

Et qui le dit d’une telle manière, que nous sachions qu'une ère nouvelle s'ouvre maintenant. 

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